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Carnets de voyage [18] - Comment est devenue l'élite en Tunisie ?
Par Aida Cherif :
Comme dans chaque pays, et par tous les temps, un groupe ou un ensemble de personnes, se démarquent, se détachent quelque peu de la société par leur vision différente des choses, ce ne sont pas des marginaux mais des personnes qui ont fait des études et qui se sont cultivé intensément et éprouvent ensuite le besoin de vouloir changer les choses chez eux, dans leurs pays ou contrées.
Il y a trente ans, l’élite tunisienne se composait d’hommes de lettres, artistes, scientifiques, philosophes, des intellectuels de tout bord ambitieux, aspirant à mettre en place des sociétés saines et voulant améliorer les choses dans leur pays. Cette élite était elle-même la jet set tunisienne, des gens cultivés, connaissant trop bien leur pays et le représentaient bien quand ils sont à l’Etranger dans les instances internationales, congrès, conférences etc.
Aujourd’hui, les intellos, hommes de lettres et autres scientifiques ou philosophes ont été troqués par des richissimes hommes d’affaires, friqués jusqu’aux os, se baladant dans des voitures valant des centaines de millions d’euros ou de dinars, habitant les beaux quartiers de Tunis dans des baraques avec piscine, jacuzzi et tout le confort nécessaire et superflu.
Ce sont des gens, sortis de nulle part, ont eu la chance de faire des affaires qui marchent et ce sont fait de l’argent, beaucoup d’argent, en dehors de ça, ils n’ont rien à donner au pays, ni à représenter en dehors du pays, ce sont des exhibitionnistes de leur belles bagnoles, baraques, fringues , déjà qu’entre eux ces gens là c’est la guerre de qui dépense plus, qui construit plus grand et qui s’achète le tout dernier modèle des plus prestigieuses marques de voitures, d’ailleurs en Tunisie on voit souvent et en nombre important, circuler des marques de voitures qu’on voit rarement en Europe.
Je ne suis pas en rogne contre la richesse des gens, je ne les envie pas ni les jalouse, mais l’été, dans la résidence où je passe mes vacances, il se trouve qu’un richissime homme d’affaires y a acheté 3 ou 4 belles villas au bord de l’eau, des baraques super bien faites, super bien équipées, ce type est incapable de parler correctement, il est grossier et ses mœurs laissent à désirer, ses enfants, des jeunes ne dépassant pas les 25 ans d’âge, ont déjà des Ferrari et des mustang à la pelle, son fils, quand il rentre bourré de boite de nuit, il n’attend pas que la porte électrique du parking sous-sol de la résidence s’ouvre mais rentre dedans et la casse, parce qu’il sait qu’il sera impuni et que le papa n’aura aucun souci à faire réparer cette porte.
Dans la journée à la plage, ces gens là s’exhibent comme sur un podium, les jeunes n’arrêtent pas de changer de filles, et ce n’est pas UNE copine mais des filles de tout âge et toutes des blondes grandes en bikini très sexy.
Ils organisent des fêtes, des déjeuners dans leurs jardins au bord de la plage, on voit de tout chez ces gens là et leurs invités, il y a eu des moments où l’on se demandaient si l’on était bien en Tunisie, certes, les Bourjois en Tunisie font des fêtes où l’alcool coule à flot mais discrètement, derrière leurs grands murs de maisons, par contre cette nouvelle génération d’élite , ou disons le, une bonne fois pour toute, ce sont des arrivistes qui ne connaissent, ni d’Adam ni de Ève, les notions du savoir vivre ni les bonnes manières, parce que tout simplement, ce sont des gens qui n’ont que de l’argent mais rien dans leur jugeotes, ils sont tous ou presque vides, ils ne savent pas aligner une phrase correctement et surtout ne connaissent rien de la Tunisie.
Malheureusement, c’est notre élite tunisienne, qui ne pourra jamais tirer la société vers le haut, ni faire avancer les choses pour atteindre un certain développement durable, ce sont des gens qui montent des affaires qui font des gains pécuniaires rapidement, exploitent les pauvres gens qui veulent travailler, s’enrichissent rapidement et ensuite passent à une autre affaire qui marche mieux.
En vingt ans, on a vu une montée d’arrivisme incroyable, ces gens là « la pseudo élite tunisienne » se font la guerre entre eux, s’arrachent les bonnes affaires et les bons projets, se jalousent et s’envient entre eux, tout se passe entre eux, le bon et le mauvais, pour eux rien d’autre n’existe et tout tourne autour d’eux et tout va bien dans les meilleurs des mondes leur monde à eux bien sûr.
C’est clair que l’arrivisme existe partout dans le monde et que cela fait partie de la composante d’une société, mais, dans un petit pays comme le notre, l’existence d’un nombre important de ces gens là, et surtout s’ils forment l’élite de la Tunisie, représente un réel danger pour le devenir de cette société tunisienne où les inégalités sociales sont déjà existantes depuis des lustres et où le jeune universitaire qui n’arrive pas à décrocher son premier boulot est frustré de voir, des gens qui n’ont fait aucun effort menant la belle vie et lui qui a cravaché dur pour arriver, finalement n’arrive à rien du tout.
Dans le café où nous passons nos soirées estivales à papoter avec des amis et d’autres personnes qu’on ne connaissait pas avant, il y travaille un étudiant en fin d’études d’ingénieur, il n’arrive pas à trouver un stage et est pessimiste quant à son avenir professionnel, ce jeune homme, voit s’exhiber cette jeunesse pourrie par l’argent des parents devant lui quotidiennement, il les envie mais surtout ils les déteste, à leur façon de se comporter avec les autres jeunes comme lui qui travaillent dur pour subvenir à leur besoin et pouvoir continuer leurs études.
L’exhibitionnisme de la richesse, du confort matériel et de l’argent tout court, est devenu une culture en Tunisie et le phénomène ne fait que s’accroître de plus belle d’année en année, dans une société déjà fragilisée par ce déchirement occasionné par le modernisme sauvage qui a envahi le pays, ce phénomène risque de faire éclater des problèmes encore plus graves, à savoir que la classe moyenne se dissout peu à peu et deux classes sociales sont en train de se mettre en place : les riches d’un côté et les pauvres de l’autre.
Mais attention !! La gravité se situe dans la composante même de la classe pauvre ou populaire d’aujourd’hui, ce ne sont pas ceux d’il y a 50 ans, ce sont des diplômés, des universitaires et des alphabètes qui connaissent leurs droits et surtout qui ont accès aux différents médias (chaine par satellite et internet) donc ne sont pas ignorants de ce qui se passe chez eux ou dans le monde.
Au jour d’aujourd’hui, on peut faire le deuil de l’élite tunisienne, ces hommes et ces femmes qui représentent notre culture, nos arts, et notre pays tout court, ne font malheureusement plus partie de la Jet set tunisienne et ne sont plus dans ce paysage médiatique comme autrefois, d’ailleurs nos hommes de lettres, artistes etc. n’ont pas assez d’argent pour faire partie de cette pseudo élite .
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