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Carnets de voyage [2] - Entre mensonges & vérités, l'hypocrisie tient bien sa place - Voile et respect de soi


Par Aida Cherif :

femme-cigarette
Ma surprise commence au super marché, le nouveau carrefour market ouvert récemment à Nabeul en plein cœur de la ville, sur dix femmes, faisant leurs courses,  neuf sont voilées (portant un foulard à la façon khalijienne).

 

 

 

Il y en a des jeunes très jeunes, qui ,en regardant leur jean taille basse et leurs tailles fines à travers la blouse qui colle à leur peau l’on se demande pourquoi ce foulard sur la tête ?

 

 

 

Au départ, je n’avais pas fait le rapport avec la religion car cela m’a semblé  être une  nouvelle tendance vestimentaire chez les jeunes filles de mon pays, mais après coup, je me suis  ressaisie et j’ai compris que sous cette façade religieuse, les filles se cachent ou essaient de cacher des choses en laissant découvertes d’autres, tout un dilemme que cette image ou ce spectacle inspire au simple passant qui les regarde marcher ou déhancher, gesticulant des mains et clignant des yeux quand cela est nécessaire.

 

Le soir sur une terrasse de café très branché, entre Nabeul et Hammamet, je fus frappée par tant de contradictions : des femmes, jeunes et moins jeunes, portant le voile, sapées à la mode européenne, sont assises au milieu d’un groupe d’amis ou membres de leur famille et d’autres femmes non voilées mais presque dévêtues, tellement les robes étaient décolletées et les shorts étaient courts , tous assis au tour de la même table sirotant des boissons fraîches et fumant la chicha, j’étais assise juste en face, ce qui m’a permis de relever que les femmes voilées rigolaient trop fort et tiraient aussi sur la chicha et soufflaient la fumée exactement comme le font les hommes.

 

Encore une fois, la scène et l’accoutrement ne m’ont pas rappelée la religion mais juste une scène ordinaire dans une terrasse de café sauf que là l’image de ces cinq bonnes femmes voilées n’a rien d’ordinaire quand on sait que ce foulard rime avec la religion et surtout que son port  requiert un minimum de respect de soi et de cet accoutrement.

 

Il va sans dire que pour moi une femme pieuse portant le voile a le droit de vivre aussi normalement et naturellement qu’une autre, mais, à condition de respecter ce qu’elle porte, car justement en mettant ce voile, elle dit aux autres, « voilà, je suis plus pieuse, plus musulmane et donc connaissant mieux que vous ma religion » et dans ce cas là, il serait inconcevable d’agir, de gesticuler ou de parler comme les autres car justement son accoutrement à lui seule incite le regard d’autrui (puis que nous ne sommes pas en Arabie Saoudite, ni en Iran où toutes les femmes sont voilées) et si en plus elle y mêle une certaine manière de marcher, parler et rigoler, cela serait carrément attirer l’attention sur elle, chose qui est totalement prohibée par la religion .

 

salle-d-attenteBref je fus gênée par ma façon de les observer,  alors j’ai détourné mon regard vers ma citronnade aux amandes en pensant à toutes ces images et ces scènes que j’ai pu voir le matin et le soir, soudain je me suis dit qu’il faut que j’arrête de trop divaguer surtout en ce moment vu que j’avais des petites douleurs à l’estomac dont je ne connaissais pas  les raisons.

 

Cela fait cinq jours que je ne me sens pas bien, et pourtant je suis en vacances, au bord de la mer, bien bichonnée, mais les nausées et vertiges me prenaient de temps en temps et cela est devenu désagréable, j’ai pas attendu pour en connaître les raisons, voilà , un fœtus de cinq semaines est dans mes entrailles, faut s’en débarrasser au plus vite, je sais qu’en Tunisie cela serait comme un jeu d’enfant car depuis 1957 l’avortement est légal, l’Office National de la Famille et de la Population a mis en place une institution qui est un modèle dans le monde arabe et même pour quelques pays d’Europe. Le planning familial se charge de tout, c’est un organisme très développé et celui de l’hôpital régional de Nabeul n’est pas mal du tout.

 

On m’a donné rendez-vous le lendemain matin à 7h30,  j’y étais à l’heure, il fallait attendre, le médecin échographe n’arrive pas avant 9h et, en attendant, faut boire beaucoup d’eau… contrairement à toutes les femmes présentes dans la salle d’attente, propre et fraîche, je ne trouvais pas cette attente longue, j’ai  profité d’une question posée par l’une des femmes présentes afin de lancer la causette avec chacune de ces femmes. Nous étions trente, et je fus la seule sans foulard sur la tête, j’en étais gênée au début mais après avoir écouté les récits et les histoires de ces femmes, je me suis sentie moi-même sans artifices ni complications.

 

Le médecin échographe n’arriva qu’à 10h30,  les trois heures d’attente m’ont semblées trop courtes, tellement j’en ai écouté d’histoires, je me suis promise de les partager car il se passe des choses dans la vie d’une femme, voilée ou pas, que seule une salle d’attente d’un planning familiale peut les sortir au grand jour

 

 

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