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Carnets de voyage [6] - La culture du bakchich fait ravage
Par Aida Cherif :
Je suis un peu forcée de revenir au tout premier jour de notre arrivée, encore au port de la goulette nous avons eu l’occasion de faire les frais de cette culture galopante du bakchich.
A peine finies les formalités douanières, un douanier nous arrête net juste avant le grand portail de sortie du port, il a demandé à voir nos passeports et les papiers du véhicule, chose faite il a rajouté « efr7ou byia walla …. » souhaitez moi la bienvenue sinon …. , sous entendu je vous laisse poiroter des heures au soleil, faire fouiller votre véhicule de fond en comble et vous pourrir vos premières heures en Tunisie. Est-ce une menace ? En tout cas le ton était menaçant et je vous laisse imaginer la suite…
Le matin devant une rue commerçante, on se gare, ce n’est pas le parking municipale, ni même un parking privé mais juste un emplacement où on peut se garer sans voir son véhicule emporté par la police, il n’y avait personne quand on a quitté la voiture, mais en revenant un jeune homme surgit de je ne sais où et nous réclame 1dinar le coût du parking, en fait ses honoraires pour avoir surveillé la voiture, un long débat se poursuit entre lui et mon mari qui n’arrive pas à comprendre pourquoi payer 1dinar alors qu’il ne s’est pas garé dans un parking, moi non plus d’ailleurs je ne comprenais pas mais, finalement le jeune homme nous a expliqué qu’il est là c’est son travail, il n’a pas d’employeur mais gère seul la rue histoire de se faire une petite somme d’argent et quand il a vu que mon mari voulait appeler la police il a juste précisé que nous n’étions pas obligés de le payer et que c’est facultatif, bref il voulait un bakchich .
Le 12 août, un couple d’amis français est arrivé en Tunisie, ils nous ont donné le nom de leur hôtel, il se trouve que ce club de vacances dans la banlieue nord de Tunis a été loué par une chaîne hôtelière espagnole, du coup ça a changé de nom, bref nous nous sommes arrêtés devant l’entrée d’un palace tunisien dans cette banlieue et station balnéaire proche de la capitale afin de nous renseigner. Un chauffeur de car de touristes nous a indiqué le nom exacte de ce club, il était sympa et serviable jusqu’au moment où il demande à mon mari de le payer pour ce service, 10 dinars. Il a dit que c’est pour payer son café car personne dans le coin ne pouvait nous renseigner, mon mari a rigolé et n’a même pas riposté tellement la scène fut comique mais ô combien ! Décevante pour nous autres Tunisiens qui passons tout l’hiver sous la pluie parisienne à rêver du soleil de notre pays mais surtout de la chaleur humaine de son peuple.
Lorsqu’on vous arrête deux, voir plusieurs fois par jour pour vous demander de l’argent pour tout et n’importe quoi, il y a lieu à se poser des questions. Sommes-nous devenus comme les Egyptiens, connus pour cette pratique du bakchich depuis des lustres ? En tout cas le phénomène semble bien installé dans les mœurs d’une catégorie de Tunisiens et nous en sommes les malheureux témoins et victimes au même temps.
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