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Carnets de voyage [1] - Le coeur n'y est plus !
Par Aida Cherif :
Il fut un temps, où l’on s’impatientait à retrouver cette tendre odeur de jasmin, cette brise marine et ces paysages magnifiques de cette chère, très chère Tunisie, avec ses plages, ses terrasses de cafés et restos, mais surtout ce peuple qui, jadis, à lui seul constituait toute la beauté de ce pays.
Le navire approche lentement des quais de la goulette, mes enfants commencent à s’exciter comme tous les ans à chaque départ de Paris et arrivée au pays du jasmin, moi aussi d’ailleurs, je manifestais une joie qui commence à perdre de son ampleur...
Certes la famille, les amis et le pays nous manquent mais cette année, notre joie ne dura que le temps des accolades et embrassades avec cette émotion habituelle, chargée de nos souvenirs d’enfances et nos bons moments passés au sein des nôtres. Je sais je sais ! Je ne devrais pas l’avouer, ni même l’exprimer ainsi, mais cela me pèse beaucoup trop sur le cœur, ce cœur qui aime tant ce pays, son peuple dont je fais partie mais qui me déçoit à chacune de mes visites estivales.
Je ne reconnais plus ce peuple qui est le mien, je me sens comme une étrangère, face à tant de changements qui ne sont pas positifs ni enchanteurs, je sais, l’on me dirait c’est négatif comme réflexion, mais, moi, comme beaucoup qui sont dans mon cas, le constatons et nous en sommes attristés, peinés et voulons absolument que cela redevienne comme il y a 20 ans.
Il y a 20 ans, les personnes comme moi, rêvaient de pouvoir revenir dans ce pays et s’y installer été comme hiver, il y faisait bon vivre, le peuple étaient encore accueillant, et avait cette ambition d’évoluer positivement, sans se déraciner ni troquer tout ce qui fait le charme de ce peuple contre un pseudo modernisme sauvage et très mal géré.
Aujourd’hui, n’importe qui, même ceux qui n’ont jamais connu cette Tunisie d’antan, seront frappés par cette espèce d’anarchie, ce désordre et ce grand n’importe quoi qu’est devenu ce beau pays:
L’on vous crie dessus et vous injure, juste parce que vous vous êtes arrêté devant une entrée de garage afin de faire descendre une femme âgée de la voiture, on vous double et vous enjambe chez l’épicier quand vous êtes en file d’attente depuis 15 minutes, on vous traite de tous les noms juste parce que votre plaque d’immatriculation est étrangère etc. etc. etc. ……… un tas de choses qui font que nous repartons cette année avec de l’amertume, le cœur n’y est plus malgré tout l’amour que nous portons dans nos cœurs envers ce pays, cela est devenu désagréable que d’aller faire son marché le matin ou se mélanger aux gens dans un café ou encore assister à un spectacle dans le célébrissime amphithéâtre de Carthage et encore un tas d’autres choses que nous aimerions faire mais dont nous nous abstenons afin d’éviter de nous frotter aux gens .
Oui, je sais, la courtoisie n’a jamais été le point fort de ce peuple mais il y a 20 ans la politesse et la gentillesse étaient une marque déposée de ce peuple qui a su s’acclimater avec son histoire si riche et si diversifiée, ont ils oublié que le Tunisien est un beau mélange de races et de civilisations ? Si c’est le cas, il est grandement temps de le leur rappeler afin qu’ils puissent puiser dans cette histoire qui a hissé ce petit pays dans le rang des grands de ce monde il y a 30 ans.
Ce beau pays n’est pas uniquement une destination balnéaire, car l’Allemand, le Suisse ou le Français irait ailleurs pour se baigner et se bronzer, mais, si ce pays accueille toujours autant de visiteurs c’est justement pour sa distinction culturelle et historique et la richesse de son peuple et si ce même peuple se détourne et rejette les siens (nous autres résidents hors de la Tunisie) cela risquerait de faire fuir et les gens comme moi et les autres aussi (simples visiteurs).
Il est grandement temps, que ce peuple fasse la réconciliation et trouve son équilibre entre ce modernisme sauvage, dans lequel il puise toute cette anarchie, et entre ses précieuses valeurs ancestrales qui jadis faisaient toute la beauté de ce petit pays, qui a fait parler de lui dans les plus hautes sphères mondiales et les plus importantes instances internationales.
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