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Carnets de voyage [3] - Entre mensonges & vérités, l'hypocrisie tient bien sa place - Tritste cas d'avortement

Par Aida Cherif :

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Toujours dans la salle d’attente, propre et fraîche avec un ventilateur au coin, l’infirmière, inscrit les nouvelles arrivées, entre temps la sage femme appelle celles qui sont arrivées à 7h30 afin de remplir leur dossiers.

 

 

 

C’est à sa sortie que la très jeune femme voilée, âgée d’à peine 22 ans, me raconta que son mari ne devrait pas savoir pour sa grossesse et qu’elle doit partir tôt chez elle avant qu’il ne soit rentré mais que la sage femme lui a demandé de prendre la pilule qui va interrompre la grossesse au planning familial et non à la maison...

 

 

 

Intriguée, je lui demandai pourquoi son mari n’a pas le droit de savoir, et sa réponse fut pour moi le coup de masse :  mariée à 17ans, contrainte de quitter le collège et porter le voile par son mari qui est devenu violent après la naissance d’un premier bébé, elle se résigna à vivre son sort sans se plaindre car son père l’a aussi violenté quand elle a voulu divorcer, elle n’a pas de travail ni de ressources pour vivre. Elle s’est contentée d’élever son fils et entre temps,  elle a eu un deuxième bébé. Depuis, son mari ne la touche que pour la frapper. Il se trouve que le cousin de ce dernier se ramène de son patelin du nord pour passer quelques semaines afin de se trouver un travail sur les chantiers, il en a trouvé un; demi-journée, donc il est à la maison avec elle seuls , ils se sont épris l’un de l’autre et voilà elle m’avoua que pour se venger de son mari elle le trompa avec son cousin mais vu son niveau d’instruction très précaire, elle n’a jamais pensé à utiliser un contraceptif afin d’éviter une grossesse qui risque de lui coûter sa vie car l’enfant n’est pas de son mari mais de son amant, en écoutant tout ceci j’étais très mal pour elle et du coup je lui ai cédé mon tour de passage afin qu’elle puisse rentrer chez elle avant l’arrivée de son mari.

 

 

Ma voisine, sur la banquette de la salle d’attente, propre mais moins fraîche avec le nombre de femmes qui augmente chaque minute, est une jeune femme de 30 ans, voilée aussi comme toutes les présentes, à part, moi et deux autres. Mariée et mère de 5 enfants,  elle est à sa 6ème grossesse, femme au foyer, habitant un village à 20 Km de Nabeul, elle s’est levée à 4h30 du matin pour pouvoir être au planning à 7h30,  pour elle c’est le plus gros pêcher de sa vie que de venir se découvrir devant un médecin et surtout que de vouloir tuer un être humain à qui  le bon dieu a donné vie dans son ventre, mais vu son état de santé fragile, problème cardiaque, anémie, et un tas d’autre bobos qu’elle ne sait pas expliquer, le médecin l’a obligée à se faire avorter ; autrement elle ne vivra pas pour élever ses autres 5 enfants encore en bas âge, je me suis empressée de lui dire que le médecin a tout à fait raison et que même le bon dieu lui pardonnera car mettre au monde un 6ème enfant serait un suicide et le suicide c’est LE plus gros des pêchers !

 

 

Enfin le médecin est là, c’est une femme, ah ah ! Quel soulagement pour les présentes, toutes contentes de ne pas avoir à s’écarter devant LE médecin, mais leur joie ne dura pas longtemps car ce fut l’échographe et juste derrière elle, LE médecin gynéco homme qui entra dans son cabinet et longtemps après, commença à recevoir les patientes qui n’ont manifesté aucune impatience pour le voir.

 

 

J’avais fini ma bouteille de 1 litre et demi de Marwa, mon ventre était plein, ma vessie allait exploser quand enfin l’infirmière m’appela, j’ai couru tellement je voulais que ça finisse. 3 minutes et 10 secondes chez l’échographe et hop aux WC pour me soulager, ensuite le passage obligé chez LE gynéco qui ne semble pas faire l’unanimité dans cette salle d’attente où les odeurs commencent à se faire sentir et la chaleur estivale aussi, heureusement, j’en ai fini pour cette journée avec le planning familial, rendez vous dans moins d’une semaine pour finaliser cette histoire de bébé non désiré en pleines vacances…

 

 

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