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Carnets de voyage [7] - Entre infractions et manque de courtoisie, le conducteur tunisien ne sait pas sur quel pied danser
Par Aida Cherif :
Il fut un temps en Tunisie où l’obtention du permis de conduire relevait du parcours du combattant, les examinateurs recalaient les candidats pour des petites fautes qui n’ont aucune incidence directe sur le code de la route et son respect.
Quand on passe l’année à conduire à Paris, il nous faut vraiment du courage pour prendre le volant en Tunisie, le comportement du Tunisien dans sa voiture est imprévisible...
Entre celui qui te dépasse par la droite pour se mettre ensuite à ta gauche et prendre le virage sans même faire usage du feu clignotant, et celui qui s’arrête brusquement au milieu de la route, sans voir que tu te trouves juste à quelques mètres de son véhicule, il y a de quoi s’arracher les cheveux . Je vous évite les détails agaçants et énervants de celui qui se colle à vous derrière et sans prévenir vous dépasse à toute vitesse pour finalement s’arrêter au feu juste devant vous, ou encore celui qui vous colle par derrière et qui ne voit même pas que vous allez faire une manœuvre pour vous garer et continue de vous coller malgré le feu clignotant.
Ah oui le conducteur tunisien et le téléphone portable, là c’est vraiment à raconter sur plusieurs volets donc je m’y abstiens car vous voyez très bien de quoi je parle et sûrement, une bonne dizaine, de ceux qui me liront un jour, avaient fait les frais d’un conducteur en plein débat au téléphone et roulant dans tous les sens sur une route…
Depuis des années les chauffeurs de taxis se plaignent des agents de la circulation car ils les verbalisent trop souvent et surtout sévèrement, suivez un taxiste sur une route départementale ou en ville et vous comprendrez pourquoi sont-ils si pourchassés par les agents de la circulation, un taxi ne fait usage d’aucune signalisation pour tourner, s‘arrêter ou encore dépasser, vaut mieux ne pas rouler derrière ou devant un taxi en Tunisie et encore moins derrière le bus jaune.
Malgré une infrastructure routière assez potable et surtout en plein réaménagement, et malgré les campagnes de sensibilisation des autorités compétentes, il est vraiment désolant d’observer des attitudes le plus souvent suicidaires de la part des conducteurs. Le conducteur tunisien, dés lors il démarre son engin, il se croit seul sur la route, dans la ville et partout où il circule. Il ne prévoit pas le danger et est lui-même imprévisible dans sa façon de conduire et de circuler sur la route. Griller un feu rouge c’est mortel donc une infraction passible d’emprisonnement et retrait de permis de conduire, ignorer un stop, c’est aussi dangereux que le feu rouge grillé. Malheureusement, nos conducteurs tunisiens jeunes et moins jeunes pratiquent ces infractions de façon systématique et habituelle au point que nous autres Tunisiens résidents à l’Etranger faisons attention et ne sortons pas directement quand le feu est au vert car nous savons qu’il y aurait sûrement ceux qui vont griller le feu rouge de l‘autre côté.
Si le conducteur est imprévisible, le piéton tunisien, lui, se trouve entre le marteau et l’enclume, entre des trottoirs souvent inexistants, et des conducteurs qui n’accordent aucune importance aux piétons, le malheureux marcheur ne trouve plus ses repères. Le passage piéton inexistant presque partout dans nos villes et grandes villes tunisiennes, ce qui pousse le piéton à marcher n’importe comment et n’importe où. Il arrive que vous voyez une femme avec ses enfants traversant une autoroute, une charrette avec un vieux monsieur dessus roulant à contre sens sur une autoroute, il arrive aussi que de voir des piétons laissant le trottoir , pourtant bien aménagé, pour marcher ou plutôt déhancher sur la chaussée, sans trop se soucier des véhicules qui ont du mal à passer surtout dans les petites rues commerçantes à double sens et où la circulation est souvent difficile .
Un soir sur la route touristique menant vers Nabeul plage, je me suis arrêtée pour laisser une femme avec ses deux enfants traverser la chaussée et brusquement, alors que la dame traversait en tenant un bébé dans les bras et une fillette par la main, une voiture me double par la gauche à une folle allure. J’ai crié en appuyant de mes deux mains sur le klaxon, j’ai fermé les yeux une trentaine de secondes, car dans ma tête, la femme et ses 2 gosses ont été fauchées sûrement par ce fou qui n’a pas compris que je me suis arrêtée pour les laisser traverser la route. Dieu merci, la femme a prévu dans sa tête qu’il n’allait pas s’arrêter, alors après avoir fait des pas en avant elle a vite marché à reculons pour éviter une mort certaine à ses enfants et à elle-même. Je suis descendue de ma voiture pour aller voir si tout allait bien pour elle, elle m’a remercié car mon klaxon l’a effrayée et voilà pourquoi elle a reculé, quant au chauffeur avec le feu au Q (désolée pour le mot), je l’ai rattrapé au feu, ouvert ma vitre et lui ai craché ma colère et ma frayeur, il n’a rien trouvé à dire alors il a commencé à m’insulter en usant de l’encyclopédie ordurière dont regorge notre dialecte tunisien .
Euh !! Dois je vous rappeler que je ne tape aucunement sur le Tunisien ni la Tunisie, source de mes joies et de mes peines ?? Mais, ce sont là des choses qui me serrent le cœur, car ce petit pays se doit d’être grand et le rester et mes concitoyens ne sont pas moins Hommes ni moins capables que d’autres pour préserver leur sécurité, celles de leur proches mais aussi celles des autres qui partagent la route avec eux.
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