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Carnets de voyage [4] - Entre mensonges & vérités, l'hypocrisie tient bien sa place - Quand une femme non mariée avorte

Par Aida Cherif :


avortement-ado-tunisieEntre ma dernière visite au planning et celle d’hier, cinq jours, les plus longs et lourds se sont écoulés, entre nausées et étourdissements, caprices à l’infini, je ne sais pas si j’ai gâché mes vacances mais, ce dont je suis certaine c’est que celles de mon mari ainsi que celles de mes enfants ont bien été gâchies. J’y peux rien, l’erreur est humaine n’est ce pas ?

 

 

Ponctuelle et fidèle à mes principes, je me pointe à 7h15 au planning familial, comme me l’a demandée la sage femme, à peine j’ai dit bonjour aux femmes présentes,  que l’infirmière nous invita à entrer dans le cabinet de la sage femme, qui nous expliqua le processus, du moment de la prise des médicaments au moment de l’évacuation ou expulsion ...

 

 

 

Bref, je passe les détails mais ce que l’on retient c’est que la sage femme fait très bien son travail et est très patiente avec les femmes qui posent trop de questions et souvent répétitives...

 

Une autre sage femme nous accompagne dans un autre service du planning, appelé hôpital de jour, où une fois qu’on a avalé les comprimés, une infirmière nous surveille tour à tour en nous prenant la tension artérielle et la température aussi,  nous étions une dizaine dans une grande pièce où des lits avec des chevets étaient posés l’un face à l’autre, la pièce n’est pas très fraîche mais assez aérée, il n’était pas question de s’allonger mais juste s’assoir donc deux sur chaque lit.

 

Là aussi, comme dans la salle d’attente, les femmes sont presque toutes voilées, à part une jeune femme et moi même, et toutes discutaient et se parlaient comme si elles se connaissaient depuis des lustres, ma voisine sur le lit a évoqué le passage d’une femme , la veille au moment de la prise de la première pilule (car il en faut une pour interrompre la grossesse et deux autres pour l’évacuer de l’utérus), ma voisine a dit que la femme n’avait pas de mari et semblait avoir des mœurs légères sinon elle ne se serait pas retrouvée enceinte, et une autre qui a rappliqué en disant que nous autres femmes mariées,  se cacherait presque quand on décide d’avorter mais, cette femme (aux mœurs légères ) ne semblait pas gênée ni embarrassée, bref ce fut un cassage de sucre entre femmes qui, ignoraient tout des lois et surtout des droit de la femme dans notre pays, ma bonne conscience ne permet pas de laisser passer cette quantité d’ignorance sans réagir :

 

À la première (ma voisine sur le lit) j’ai dit que cette femme s’est présentée au planning comme n’importe quelle autre femme qui a des soucis de santé, peu importe sa condition de vie ou sa situation maritale et une femme n’est pas obligée d’être mariée pour se rendre chez le gynéco ou au planning familial où on ne s’occupe pas que de grossesse et de bébés.

 

À la deuxième, je lui ai expliqué que cette femme (aux mœurs légères) connaît bien mieux ses droits et ne fait que profiter de ses acquis avec la conscience tranquille car ce qu’elle fait de sa vie ne regarde qu’elle et son corps est sa propriété privée donc elle n’a pas à rougir ni à se sentir rabaissée et la loi la soutient et la protège aussi et que s’il n’y avait pas, justement, cette loi qui autorise l’avortement aux femmes non mariées, ce beau petit pays de dix millions d’habitants serait aussi surpeuplé que l’Égypte, où, les avortements se font en cachette et souvent les femmes succombent et meurent suite à un avortement , sans compter les millions d’enfants nés sous X errants dans les rues du Caire et le taux de natalité qui ne cesse d‘augmenter et qui étouffe l‘économie du pays.

 

Une troisième qui nous sort cette perle « normalement on devrait toutes avoir honte de commettre ce grand pêcher à la veille du mois saint de ramadan » voilà il me fallait entendre cette phrase pour sentir comme un retournement brusque en bas de l’estomac, je ne voulais plus émettre quoi que ce soit, j’ai compris que la cause est vaine et la peine est perdue,  nous sommes devant des cas désespérés où le religieux tient lieu de guide ou télécommande avec un seul bouton et un seul choix et une seule possibilité, les femmes ne savent plus réfléchir mais ne font que prêcher la bonne parole de dieu à tout moment et en toute circonstance de leur vie , encore est-ce vraiment la bonne parole de dieu ??

 

Je me suis excusée de ces dames et j’ai couru vers les WC, les comprimés ont commencé leur boulot et cela fait mal, oui, faut souffrir pour la bonne cause !!

 

 

 

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