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Carnets de voyage [20] - Mot de la fin ... Ce que je voudrais voir dans mon pays
Par Aida Cherif :
Selon Alfred CAPUS « Il faut rêver très haut pour ne pas réaliser trop bas ».
Il se trouve que cette citation soit ma devise dans la vie, certes vivre dans les rêves n’est pas toujours une bonne chose mais heureusement que le rêve est là et est permis pour nous permettre d’évoluer, d’ambitionner et d’avancer autrement. Que seraient nos vies sans le rêve ?
La société idéale n’existe pas, les hauts et les bas de la vie existent partout sur terre et heureusement qu’il y a les bas pour mieux apprécier les hauts.
Ce n’est pas parce que je vit en dehors de la Tunisie que je voudrais que ce soit parfait dans ce pays, mais juste, parce que j’y ai vécu bien longtemps, même étant adulte, que je trouve la mutation sociale dans ce pays, pendant cette décennie, un peu trop agressive et n’est pas toujours positive.
Les changements des mentalités chez les gens du pays ne sont pas conformes avec l’évolution qui devrait s’opérer afin de réaliser des avancées concrètes dans le processus de développement et cela crée comme une sorte d’obstacle freinant le progrès socio-économique.
Ce que je voudrais voir dans mon pays, c’est des hommes et des femmes agissant pour le bien-être de tous dans une communauté, des hommes et des femmes sachant faire la différence entre le nécessaire, l’indispensable et le superflu ou le secondaire, sachant communiquer leurs idées, opinions et avis sur des sujets les concernant sans avoir recours à l’agressivité, la brutalité ou la grossièreté, sachant rallier entre leur valeurs et traditions ancestrales ou religieuses et leur nouveau mode de vie moderne sans tomber dans la sauvagerie et l’anarchie.
Je voudrais tellement voir, des espaces vert sans ordures ni poubelles, je voudrais voir des files d’attente chez le boulanger, l’épicier et même devant le guichet de la poste ou de la gare de train. Je voudrais voir des infirmière souriantes, accueillantes et surtout parlant doucement et poliment avec tout le monde pas uniquement avec ceux qui sont envoyés par telle ou telle connaissance, je voudrais voir des médecins discutant et conseillant les patients et non pas blablater sur la question règlement de facture de clinique où le gant au bloc opératoire nous est facturé et la seringue comptabilisée.
Je voudrais pouvoir m’asseoir dans un café sans avoir à prier le serveur de me laisser la place que je veux, je voudrais marcher sur des trottoirs bien aménagés, sans être obligée de descendre sur la chaussée parce qu’il y a de la boue ou des trous plein d’eau ou de saleté, je voudrais conduire dans des rues où les chaussées sont réparées et réhabilitées afin de ne pas casser ma voiture.
Je voudrais voir des jeunes conscients de leur existence et non pas des capricieux, pourris par l’argent et la vie facile qui leur est offerte par les parents. Je voudrais voir des universitaires avec des têtes pleine d’idées innovatrices et non pas des maitrisards qui, en dehors du foot, de la musique ou d’autres futilités, n’ont pas grand-chose à offrir ou à dire.
Je voudrais voir des Tunisiens produisant et fabricant eux même et non pas simples utilisateurs de leurs téléphones portables, leurs i Phones et toutes ces gadgets qui sont devenues indispensables dans leur vie de tous les jours.
Je voudrais voir des chantiers finis et surtout des constructions en harmonie et non pas des cités entières, depuis 10 ans, pas encore aménagées, et ses habitants ne finissant jamais leur constructions que les autorités ne semblent pas contrôler. Je voudrais voir de vraies bennes à ordures qui se ferment et qui sont nettoyées tous les quinze jours, je voudrais que les hommes et les femmes de mon pays soient concernés par l’hygiène de leur rue, de leur quartier et de leur lieu de résidence ainsi que de leur ville et non pas uniquement par celle de leur habitat.
Je voudrais voir des centres de loisirs pour les jeunes enfants et les adolescents où ils peuvent apprendre autrement que dans les écoles et les lycées et où ils seront encadrés par des animateurs, leurs enseignants des activités artistiques et autres à côté de l’enseignement civique qui va leur apprendre à mieux se comporter et chez eux et dans la rue.
Je voudrais voir des hommes et des femmes se respectant mutuellement non pas parce que la femme est l’égale de l’homme mais juste parce qu’elle est un être humain et autant concernée que l’homme par tout ce qui se passe dans son pays.
Je voudrais voir des Tunisiens abolissant les clichés et slogan de panarabisme et d’appartenance afro-maghrébine et cesser de se comparer aux autres qui n’ont pas encore atteint notre niveau social, je voudrais voir des Tunisiens qui se soulèvent et manifestent quand des augmentations s’opèrent sur des produits de base et non pas quand l’équipe de foot perd ou quand il y a des derby de la capitale, je voudrais voir des Tunisiens matures, sachant revendiquer leurs droit sans avoir recours à la violence ou au casse .
Ce que je voudrais voir, c’est une solidarité réelle entre les hommes et les femmes de mon pays pour réaliser de vraies avancées profitables à tous, une solidarité sociale à travers la création d’associations dans divers domaines afin d’élever la qualité de vie pour chacun et en améliorer les conditions. Faut savoir que l’état et ceux qui nous gouvernent ne peuvent pas nous aider si nous nous n’aidons pas nous même.
On n’a pas besoin de s’opposer politiquement au régime pour changer les choses mais on a besoin de se faire entendre et transmettre nos requêtes de façon solidaire, imposer ses volontés quand on est solidaire et avec de bonnes intentions pour le bien de tous, cela devient réalisable et possible, seule la solidarité est la clef dans tout changement, seul on ne peut rien changer mais ensemble cela devient possible.
Ce que je voudrais avoir dans mon pays est facile à obtenir si les hommes et les femmes de mon pays se mettent à réfléchir pour tous et non pas que pour eux même, si les hommes et les femmes de mon pays cessent d’être individualistes et commencent à se poser des questions sur le devenir de leur pays, l’avenir de leur enfants et leur propre condition de vie au présent.
Ce que j’aimerais vraiment voir, c’est une Tunisie meilleure, un chez moi où il ferait bon vivre comme il y a 20 ans.
Fin des chroniques datant de 2010 par Aida Cherif