Violée dans son corps, et dans sa vie privée
28 Septembre 2012
Dans la nuit du 3 au 4 septembre, une jeune fille, en compagnie de son financé, a été violée par deux policiers. Deux semaines plus tard, c’est tout le monde qui en parle. Et nous parlons du monde avec un grand M, ce monde qui nous regarde de près depuis la révolution de la dignité et de la liberté du 14 janvier 2011.
Cette affaire douloureuse est plus qu’un simple fait divers puisqu’elle révèle les dérives qui continuent à avoir lieu sein de notre appareil sécuritaire et… judiciaire, éventuellement. Et pour cause, suite à la plainte de la victime, un procès a été entamé contre… elle pour atteinte à la pudeur aux moments des faits.
Les hauts responsables ont beau souligné que ceci ne justifie pas cela, mais il est déjà trop tard, et nous sommes devant une situation qui frôle le ridicule : où l’agresseur, pour se venger ou peut être pour justifier son acte, riposte en témoignant que la victime était déjà fautive.
Sans trop rentrer dans les détails de cette double affaire qui fait scandale dans les cinq continents, Tounsia 4Ever voudrait attirer l’attention sur cette supposée loi - datant depuis l’ère de Ben Ali – pénalisant l’atteinte aux bonnes mœurs (قانون الأخلاق الحميدة)
Cette loi en elle-même, n’est elle pas un viol de la vie privée des citoyens ? Le couple, loin des yeux dans une voiture, a « perpétré » un acte qui aurait choqué - ou plutôt excité- les policiers coupables, peut-on parler d’acte dans un lieu public ?
Et quelles sont les limites - physiques - d'un geste portant atteinte aux bonnes mœurs ? Toute cette affaire scandalisée, n’aurait-elle pas comme origine un simple baiser ? Il est grand temps de braquer aussi les lumières sur la définition et le champ d’application exacts de ladite loi.
Enfin, les policiers dans cette affaire, sont avant tout des citoyens issus de la même société que nous. Ces agents ont non seulement abusé de leur pouvoir en faisant appliquer une loi équivoque, mais aussi, ils ont traité, consciemment ou inconsciemment, une jeune fille amoureuse, à la limite libertine, d’un simple objet de plaisir. Et c’est bien là l’origine du mal.
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