Manifeste du groupe d'appui à la démocratie paritaire
28 Mars 2011
"Nous allons nous tenir debout et distribuer notre manifeste pour la Parité dans le Code Electoral". Tel est l'appel au stand-up demain, 29 mars 2011, devant le siège de la Chambre des Conseillers au Bardo, où se tiendra la réunion du Haut Conseil pour la réalisation des objectifs de la Révolution, de la Réforme politique et de la transition démocratique présidée par Iadh Ben Achour entre 14h30 et 16h.
Les organisateurs du stand-up craignent en effet l'exclusion et la marginalisation de la femme au moment où le phénomène de la diffamation à leur encontre prend de l'ampleur. Voici dans la suite le texte du manifeste par Faïza Zouaoui Skandrani...
Par Faïza Zouaoui Skandrani :
Parmi les défis sociaux, la parité est certainement l’un des plus importants puisque la Société Tunisienne est composée de plus de 50% de personnes du sexe féminin.
Les Tunisiennes ont le droit de vote depuis 1957. Elles ont, grâce au CSP et aux lois tunisiennes, reçu la même éducation et formation que les hommes. Elles sont aujourd’hui majoritaires dans plusieurs instances : magistrature, enseignement supérieur, secondaire, primaire, médecine,…
Bien qu’électrices et éligibles depuis 1957 (plus de 54 ans), nous constatons un paradoxe flagrant entre les potentialités féminines réelles et leur représentation dans les instances de prises de décision, politiques, sociales, économiques et culturelles. Le pourcentage de représentation atteint péniblement les 10%.
Des avancées et des acquis réels des droits des femmes pendant près de 55 ans de république sont enregistrés ; or l’instrumentalisation politique des organisations des femmes, en tant que vitrines de propagande du régime dictatorial en place, à l’échelle nationale et internationale, a présenté la cause des femmes comme achevée, et réalisée et forclose. D’autre part, le verrouillage de la société ainsi que ses expressions civiles et politiques, a occulté les inégalités entre les sexes, les discriminations devant la loi ; or au stade de l’évolution de notre société au jour d’aujourd’hui, si la séparation des pouvoirs est la base de la démocratie, la parité en est une condition.
La Révolution tunisienne du 14 janvier à laquelle les Tunisiennes et les Tunisiens ont participé et dont ils ont été ensemble les actrices et les acteurs sans distinction d’âge ni de genre requiert pour l’avenir de notre pays une réelle et effective reconnaissance, sans restriction aucune, une vision globale paritaire pour la transition et la construction du processus démocratique, sans aucune discrimination.
Cependant, nous enregistrons aujourd’hui, le déficit du nombre des femmes au sein du Haut Conseil pour la réalisation des objectifs de la Révolution, de la Réforme politique et de la transition démocratique (17 sur 71 membres) si bien que nous nous mobilisons, aujourd’hui, encore une fois, pour revendiquer haut et fort, l’équitable représentation des femmes au sein de cette haute instance, et la nécessaire présence de femmes dans la liste complémentaire des 60 membres à proposer par la LTDH (Ligue Tunisienne des Droits de l'Homme) et l’UGTT (Union Générale Tunisienne du Travail).
Se fondant sur les suggestions, les propositions et les revendications des 500 membres du groupe virtuel « Parité et Egalité des Chances », et en les remerciant de leur mobilisation en faveur de la démocratie paritaire, le GADP considère que la réforme du Code électoral doit nécessairement réaffirmer le principe de la parité et de l’égalité des chances dans le code électoral en :
- Adoptant le mode de scrutin électoral à la proportionnelle avec un seuil minimal favorisant les minorités politiques et de genre afin de réaliser les objectifs de la phase de transition démocratique ;
- Incitant les partis à opter pour la parité des candidatures sur leurs listes ;
- Alternant des candidatures masculines et féminines ;
- Rejetant les listes qui ne respectent pas ces principes de parité et de l’alternance ;
- Encourageant les partis qui tiennent en compte du principe de la parité ;
- En plafonnant le financement des partis et la mise en œuvre du contrôle des campagnes électorales ;
- Encourageant la participation politique des femmes ;
- Appliquant le principe paritaire dans la composition du Haut Comité Indépendant des Elections, structure chargée du contrôle du déroulement des élections ;
- Favorisant un égal accès des femmes et des hommes candidats aux médias publics…
En vue des prochaines échéances électorales du 24 juillet 2011, nous appelons le Haut Conseil à tenir compte de nos revendications pour l’adoption du principe de la parité et de l’égalité des chances par l’éradication totale de ce qui relève de la discrimination.
FAÏZA ZOUAOUI SKANDRANI - Coordinatrice du Groupe d’Appui pour la Démocratie Paritaire, lundi 28 mars 2011
Stand Up : Mardi 29 Mars 2011 - de 14h30 jusqu'à 16h
Devant le siège de la Chambre des Conseillers (Majliss Al-Moustacharin) - Bardo