Karima Ladjimi : notre productrice aux six oscars
10 Mars 2010
A la veille de la journée mondiale de la femme, voilà une Tunisienne qui vient d’obtenir une consécration cinématographique mondiale, à Los Angeles même. Il s’agit de Karima Ladjimi, productrice tunisienne, qui a orchestré le succès brillant du film « The Hurt Locker » ou « Démineurs », lors de la 82ème édition de la prestigieuse cérémonie des Academy Awards.
Le film dont Karima Ladjimi était directrice de production a pu totaliser six oscars : meilleur scénario original, meilleur montage son, meilleur mixage son, meilleur montage, meilleur film et meilleur réalisateur.Heureuse coïncidence, notre productrice a été derrière une première dans les Oscars depuis 1929 : la statuette de meilleur réalisateur a été remise à une femme, Kathryn Bigelow.
Le succès a défrayé le chronique, après que le film le plus favori, « Avatar » de James Cameron, vient d’être débattu par "Démineurs". Ailleurs, ce dernier n’est pas à son premier succès, le film a pu décrocher nombre de prix et de récompenses dans des manifestations internationales, notamment celui de meilleur film remis par le syndicat des producteurs américains (PGA, Producers Guild of America).
Karima Ladjimi : le chemin vers le succès
La mission de la productrice tunisienne n’était pas facile : elle a été appelée à remplacer l’ancien directeur de production, destitué de ses fonctions, alors qu’elle était en train de tourner une production jordano-américaine, « Captain Abu Raed », le premier long métrage jordanien depuis cinquante ans.
Malgré trois semaines de retard selon ses dires, Karima Ladjimi a su se rattraper et réunir les meilleures conditions pour le tournage du film : engins de guerre, armes et autres moyens lourds et coûteux qui ont dû être mobilisés dans un pays hautement sécurisé… tout cela pour atteindre une haute technicité qui a valu au film six oscars dans une manifestation des plus prisées.
Karima Ladjimi a obtenu sa licence de business administration dès le début des années 80, à Denver, aux Etats-Unis. Après son retour à Tunis en 1982, elle projetait d’entamer sa première aventure d’entrepreneuse, visant l’exportation de l’artisanat tunisien après avoir fait la tournée du pays.
Mais le parcours de notre productrice a pris son tournant après qu’elle a été invitée à assister au tournage du film « L’incompris » de Jeremy Chap. A ce propos, elle dit : « J'ai eu le coup de foudre, j'ai été épatée par la façon dont se fabriquait une scène et par l'esprit d'équipe sur le plateau, ce que j'affectionne encore aujourd'hui.»
Les années qui ont suivi aux Etats-Unis n’ont pas été faciles pour Karima : ne pouvant trouver un emploi stable aux Etats-Unis dans le domaine du septième art qui la passionnait désormais. Elle a été appelée au Danemark pour être auprès de sa mère qui venait de faire une opération...
Toutefois, notre productrice a usé de tous les moyens et de son temps pour améliorer ses chances, en faisant des cours et en travaillant bénévolement rien que pour gagner de l’expérience. En 1989, elle a pu obtenir un MBA international (Master’s in Business Administration).
Soutenue par son compatriote, le producteur Tarek Ben Ammar, Karima a travaillé en tant que seconde assistante de production sur « Anno Domini », production italo-américaine de taille.
Depuis 1997, Karima Ladjimi gérait sa propre boîte de production « Karma Film International », déchaînant films, séries, documentaires et spots publicitaires. Elle visait bien haut et ne cessait de consolider ses collaborations partout dans le monde dans les domaines de la finance, des relations publiques, de la publicité et de la traduction.
Du Koweit aux Etats-Unis, en passant par le Maroc , Karima Ladjimi a gagné une réputation solide et une reconnaissance internationale, travaillant entre autres sur "you, me and the baby" pour la BBC, "Age of treason" pour Colombia Pictures ou encore "Madame Butterfly" de Frédéric Mitterrand.
Aujourd’hui, la passion de notre productrice pour son travail et pour le travail d’équipe a non seulement profité à sa réputation, mais aussi à celle de son équipe, à l’instar de la réalisatrice Kathryn Bigelow qui devient ainsi la première femme à gagner son oscar depuis 82 ans.
Tel exemple de succès pour les Tunisien(ne)s et pour toutes les femmes du monde !
Happy Women’s Day!
Tourné en 2007, en Jordanie. Sorti en salle en 2009.
« Démineurs », ou de son titre d’origine «The Hurt Locker » est l’histoire d'une unité de déminage américaine de nos jours à Bagdad. Forcés de jouer à un dangereux jeu de piste, ils se retrouvent au coeur d'une ville où chaque immeuble peut cacher un sniper et où chaque objet peut être piégé...
C’est un thriller qui vous coupe les jambes, le souffle et vous relâche en nage avec un goût de poudre au fond de la gorge.
Mot de la réalisatrice :
"La peur a mauvaise réputation, mais je pense que ce n’est pas justifié. La peur permet de clarifier les choses car elle vous oblige à vous focaliser sur ce qui est important, en laissant de côté ce qui est accessoire. Lorsque Mark Boal, le scénariste, est rentré d’un reportage en Irak, il m’a parlé de ces soldats qui désamorcent des bombes en pleine zone de combat – ce qui, de toute évidence, est une mission réservée aux hommes les plus qualifiés qui s’en acquittent au péril de leur vie. Quand il m’a raconté qu’ils étaient totalement exposés et qu’ils n’utilisaient rien d’autre que des pinces pour désamorcer une bombe suffisamment puissante pour faire des victimes à 300 mètres à la ronde, j’ai été sonnée... "