Tounsia entre traditions, religion et modernisme
Par Aida Cherif :
Traditions, religions et dogmes sociaux, entravent ils les libertés et l’émancipation de la femme tunisienne ?
Quand bien même la femme tunisienne se dit libre et émancipée et ce, depuis 1956 et même bien avant cela et durant les années du protectorat français en Tunisie, il y a eu dans le mouvement de la résistance tunisienne face aux colons français des femmes qui ont contribué et participé activement à l'indépendance du pays, donc elles étaient dans la rue côte à côte avec les hommes...
Les exemples de l'émancipation de la femme tunisienne et de son intégration à la vie active du pays sont nombreux, mais là je citerais juste le Docteur Tawhida ben Cheikh qui est le premier médecin Gynécologue femme dans le monde arabo-musulman et pratiquait bien avant l'indépendance.
Seulement voici une question se pose systématiquement : Est-ce-que la femme actuelle a bien mis à profit ce combat menée par son arrière grand-mère, sa grand-mère et sa mère ?
Malheureusement, aujourd'hui, malgré les acquis et les droits dont bénéficie la femme en Tunisie, nous assistons toujours à ce schéma ancestral qui la réduit au rang de femme ménagère, au foyer, voir même illettrée pour certaines : quand elle atteint la puberté, quand elle devient jeune fille, quand elle s'apprête à se marier et surtout après le mariage, des fois c'est à se demander si la femme elle même est vraiment convaincue de son statut de femme libre ou se fait juste passer pour tel .
Quand bien même cette femme est libre, instruite, active, moderne avec des idées claires et des ambitions carriéristes, au moment où elle se décide à partager sa vie avec un homme, elle cède devant les premières exigences du future mari car, arrivée à 30 ans sans être mariée, est une malédiction non pas uniquement pour la jeune fille mais aussi pour toute la famille et si de surcroît si elle n'est plus vierge, cela devient un drame familial où l'héroïne perd petit à petit ses acquis et ses droits en étant femme.
Par conséquent, il est difficile de parler de la liberté de la femme en Tunisie en la dissociant des traditions et dogmes sociaux auxquels tout un peuple est attaché depuis des millénaires, les exceptions ou brebis galeuses existent bien sur et deviennent de plus en plus nombreuses mais cela reste et demeure des exceptions .
Donc la religion avec les traditions et les dogmes sociaux sont le moteur même de la société tunisienne et arabo-musulmane en générale, on les modernise, les adapte tant bien que mal au quotidien mais on ne peut les laisser de côté et vivre déraciné sans famille sans foi ni loi comme diraient certains !
En résumé, c’est le cadre familial qui a tout son impact sur la vie de l’individu vivant au sein de chaque famille, d’ailleurs depuis une vingtaine d’années, voir plus, il a été constaté que les jeunes étudiantes qui débarquaient dans la capitale pour terminer leurs études universitaires (donc habitaient aux foyers universitaires) ont contribué pour beaucoup dans l’évolution du comportement de la jeune fille tunisienne ordinaire, du fait que ces étudiantes soient éloignées du cancan familial donc sans contrôle aucun.
Certaines (pour ne pas tomber dans la généralisation) ont carrément pris cette liberté pour une sorte de souffre douleur, au nom duquel tout est devenu permis, non seulement elles se font dépuceler par naïveté et manque d’expérience et de savoir aussi, mais pour ne pas subir le châtiment du retour au village chez les siens, elles se prostituent afin de pouvoir subvenir à leur besoins dans la capitale, le schéma de la suite est assez offusquant .
Au jour d’aujourd’hui , nous assistons à une sorte de contradiction qui n’avait jamais existé dans une société tunisienne auparavant : D'une part, une montée de l’islamisation de filles de plus en plus jeunes, et d'autre part, une montée de la débauche et des mœurs légères de filles de plus en plus jeunes; elles sont toutes presque issues d’un milieu social presque similaire et d’un environnement social où les mêmes traditions et dogmes sociaux sont la ligne de conduite de leurs familles . Ce phénomène est encore plus frappant l’été dans les stations balnéaires...
Donc la femme tunisienne est capable de balayer les traditions et dogmes sociaux si elle en a envie, elle est libre sexuellement et décide librement de sa vie et de son corps mais on en parle pas ouvertement car cela représente un tabou tout simplement ; mais dans la pratique et la vie de tous les jours, une femme célibataire de 30 ans n’attendrait pas un éventuel mari pour vivre pleinement sa vie et sa sexualité (sans généraliser bien entendu), elle se gardera bien d’étaler ses coucheries à droite et à gauche et le jour J quelques points de sutures et l’honneur de la famille est sauvé...
Maintenant vous me diriez, est ce cela la liberté ? Eh oui ! La liberté de la femme de nos jours englobe tout et son contraire, même le mensonge et la tromperie ! Mais peut-on réellement croire que la Tunisienne a su rallier entre les traditions, la religion et le modernisme ? A t-elle pu atteindre cet équilibre essentiel ?
Discussion d'origine : Tounsia entre les traditions, la religion et le modernisme
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