Par Aida Cherif :

La sexualité féminine et masculine est un sujet tabou dans les sociétés arabo-musulmanes et en Tunisie, malgré l’ouverture, le niveau d’instruction de la population et sa mixité, les hommes et les femmes ont du mal à extérioriser leurs envies, leurs fantasmes et leurs frustrations.

Des couples se marient sans amour et qui ont du mal à s'adapter l'un avec l'autre sur le plan sexuel et souvent la communication sur ce sujet est brève quand elle n'est pas inexistante, sinon...

Des couples amoureux mais ne trouvent pas leur harmonie sexuelle ou pour une raison strictement médicale et d'ordre de santé ne peuvent avoir une vie sexuelle épanouie et harmonieuse et cela peut durer dans le temps et ainsi fait détériorer la relation qui est à la base une relation amoureuse mais qui se transforme peu à peu en calvaire pour la femme comme pour l’homme.

Savez vous que les hommes n’osent pas parler ouvertement de leur frustrations par peur et crainte de perdre leur prestige et leur égo machiste, et, les femmes, s’il arrive qu’elles en parlent c’est vraiment en désespoir de cause et quand cela arrive c’est souvent avec des personnes proches mais qui ne sont pas nécessairement de bonnes conseillères et souvent cela passe d’une séance à cœur ouvert à une séance de moralisation où la pauvre déjà mal en point se trouve accusée de tous les torts et presque la coupable de son propre malheur .

Dans mon entourage familial et amical j’en connais des couples qui souffrent et des femmes le plus souvent désemparées poussées à bout, et, quand tout va bien, elles se contentent de leur sort sinon elles optent pour la trahison comme seul espoir pouvant les aider à vivre naturellement et se faire un peu de bien dans une vie aride et sèche.

Pour ne pas tomber dans cette stigmatisation de la femme adultère sans comprendre les raisons véritables de sa trahison, je me suis penchée sur des cas à faire pleurer, des situations tristes et insupportables où la femme comme l’homme souffrent terriblement sans recourir à des solutions pouvant les sortir de cette douleur, dans mes deux cas c’est l’homme qui refuse de se faire examiner, c’est l’homme qui refuse carrément d’en discuter et c’est toujours lui qui rend la situation encore plus terrible à vivre au quotidien par son dédain, sa froideur et parfois même sa violence soit verbale ou physique, une forme d'expression pour lui pour se défouler au lieu de remettre en question ses propres défaillances sexuelles qui font de sa vie à lui et celle de sa femme un enfer sur terre :

Elle s’est mariée avec un homme qui lui a été présentée par des proches, une relation sentimentale s’est installée, ce n’est pas de l’amour fort tel connu de beaucoup mais une affection et une entente se sont installées dans le couple, le mariage a eu lieu, l’heureux époux n’aime pas pénétrer son épouse, ni la nuit de noces ni 12 ans après quand le couple était devant le juge pour signer le divorce, entre temps un enfant était né 5 ans après le mariage, elle me dit que c’était une erreur, car ce fut elle-même qui s’est aspergée le sperme de son mari sur son sexe et voilà qu’un spermatozoïde a voulu tenter sa chance et hop le petit garçon est née 9 mois plus tard, à la surprise de la mère, le médecin sort lui dire que sa fille était toujours vierge et qu’il faille la dépuceler pour la faire accoucher, un choc, pour la mère qui a tenu le secret et a exigé de sa fille de faire de même afin de préserver son mariage . Un mariage réussi aux yeux du monde et un vrai gâchis pour le couple.

Imaginez un peu l’enfer de cette jeune femme, même pas la trentaine, à vivre des frustrations dans sa chair nuit et jour et qui est obligée de supporter, se taire et accepter son sort sans broncher pour que les autres ne disent pas « oh la la elle a divorcé » bref douze ans à lui dire qu’il faut consulter, qu’il faut essayer d’en discuter afin de trouver des solutions et avancer dans le couple afin d’éviter le divorce, rien à faire avec le mari têtu, borné et peu à peu devenu violent, méchant et très distant. Au terme de tout cela le divorce a eu lieu, avec des problèmes énormes, des insultes et des humiliations et l’enfant au milieu qui ne savait s’il doit être du côté de sa mère ou de son père, la femme elle, 35ans sans jamais goûter au plaisir du sexe, ne sachant même pas comment cela se passe réellement a vite fait de se trouver un autre pour assouvir ses désirs enfouis depuis qu’elle avait 25ans, aujourd’hui c’est une femme certes épanouie mais qui traine sur ses épaules des années d’enfer et traine un corps meurtri .

Elle l’a connu très jeune, lui bien plus âgé mais les sentiments sont là et forts, elle a défié sa famille pour se marier avec lui, elle a eu son enfant par erreur et lui n’en voulait pas, cela fait depuis 15ans qu’il ne la touchait plus, il n’arrive plus à bander, il ne veut pas se faire examiner et ne veut pas en parler ni essayer de satisfaire sa bien aimée autrement, une froideur s’installe dans la relation, l’amour trinque au milieu de tout ça, elle lui lance des SOS à maintes reprises en vain, la quarantaine, se contentant de se masturber et le sexe et les neurones, mais le bouchon est poussé à bout là aussi face à un homme de marbre n’assumant pas ses responsabilités, elle noue des relations amicales, une de ses relations a su l’écouter et absorber sa détresse, la relation est passé à une vitesse supérieure, une rencontre a eu lieu et hop elle a consommé avec insouciance un acte que beaucoup qualifieraient de trahison et d’ adultère mais qui, au fond, n’est que réponse directe et logique à une situation intenable qui a assez duré dans le temps, elle culpabilise, elle en souffre elle décide d’en parler carrément à son mari histoire de lui dire au secours, et cet appel aussi reste sans réponse . Elle aura à choisir entre vivre dans une sécheresse terrible ou tout plaquer pour assouvir ses désirs enfouies et combler ses frustrations et là encore un enfant dans cette histoire qui trinquera. Mais a-t-on vraiment le choix quand la souffrance et la culpabilité se trouvent dans tous les choix possibles ?


J’ai hésité avant de relater ces histoires, je ne sais pas si mes amis et les lecteurs de ce site en général accepteront de lire le non avoué et le non dit avec clairvoyance et sans porter de jugement stéréotypé sur les femmes vivant cet enfer ? ou même me juger moi car j’ai dit haut ce que les gens se disent en chuchotant ?


Cependant, Je ne crois pas que ces deux cas sont uniques, je pense vraiment que des milliers de femmes souffrent en silence et vivent dans cette douleur de se savoir non désirée, repoussée et inutiles sauf pour les autres besoins de la famille, ces femmes patientent, se démènent comme elles peuvent afin de préserver la famille, les enfants et surtout la dignité de leurs chers époux bornés sans cervelles et pas du tout aimant.


Encore une fois je tire une révérence à toutes ces femmes qui luttent, souffrent et dans leur douleur extrême essaient de donner d’elles même pour satisfaire les autres alors qu’elles sont insatisfaites, frustrées et n’osent pas crier leur douleur ni la faire partager .